Les Templiers 2019
- Christophe Dain
- 22 oct. 2019
- 9 min de lecture
Une énergie ultra positive dans un univers paradoxal
Depuis Fin 2018, j’ai pris la décision de m’inscrire à une course d’un autre genre : Himal Race 2020. Le but est de parcourir une partie de l’Himalaya soit 900km en 24 étapes. Une sélection est réalisée sur dossier et 60 veinards sont conviés à participer. J’ai l’honneur de faire partie de ce petit groupe de fous !
Commence alors un aménagement de ma vie autour de l’événement. Une profonde, sincère et complice communication avec ma compagne Cindy. Je choisis d’adapter mon emploi du temps pour aller vers l’objectif. Je conserve mon activité de coaching et je cherche un job à temps partiel, en parallèle de l’encadrement des jeunes au football. Pendant quelques mois, je suis animateur au foyer de jeunes de Brem sur Mer et puis, fin Août, je me sens perdu, je souhaite trouver du sens à ce que je fais. J’ai 2 envies très fortes et je me rends compte que j’en mets une de côté. C’est alors comme un déclic. Je stoppe toutes mes activités professionnelles et bénévoles pour vivre mes rêves. Une grande discussion avec Cindy me rassure sur mon choix et la décision est prise. Je vivrai donc ma passion du trail avec un beau projet en sommeil que je compte bien réveiller…
Libéré de toutes tensions et préoccupations, je me lance alors sur la première grosse étape de ma préparation pour L’Himalaya : Participer à 3 épreuves en 3 jours aux Templiers. J’ai 2 mois devant moi. Je remets de l’ordre dans mes idées et je redonne du sens à mes actions. Je me sens bien mentalement. Reste plus qu’à régler quelques petits problèmes physiques. En effet, des soucis digestifs et une mauvaise récupération font que mes sorties de course à pieds sont difficiles, entraînements et compétitions. 2 satisfactions : La 1000D en Février 2019 et La Solitaire du Soleil et de la Lune en Juillet 2019. En Août, je choisis de me pencher sérieusement sur mes petits tracas . C’est alors que je rencontre une personne qui me parle d’acidité dans le corps. Je prends l’information et je prévois un rendez-vous avec une naturopathe. Je fais plein de recherches et je trouve des solutions. Je découvre également les conférences de Guillaume Jourdain. Après plusieurs jours et semaines de réflexion et de longues lectures, je me sens de mieux en mieux. J’ai adapté ma programmation d’entraînement en fonction de mes douleurs et petit à petit je progresse. Je fais au minimum une séance par semaine avec Cindy qui prépare elle aussi une épreuve au festival des Templiers.
A 2 semaines de l’événement à Millau, je me sens plutôt bien. Les muscles répondent bien, le cardio est très bon et les tests ravitos concluants.
Le 17 Octobre 2019, c’est la tête vide que nous prenons le départ pour l’Aveyron. Cindy et moi, nous sommes accompagnés de Jérémie, le copain de ma sœur, qui s’alignera sur l’Endurance Trail (105km 5000D+). Cindy participe au Marathon du Larzac (37km 1500D+), une grande première sur une distance aussi longue. J’ai choisis de l’accompagner pour la soutenir et j’adore l’idée de partager cette grande aventure à 2. Ensuite, je prendrai le départ pour le Marathon des Causses (38km 1800D+) et je terminerai par le Grand Trail des Templiers (78km 3500D+). Pour moi, c’est l’occasion d’enchaîner plus de 150km en 3 jours, de tester en condition réelle mes recherches sur les ravitos et ma gestion de l’effort.
Nous arrivons sur le site des Templiers en fin d’après-midi, nous récupérons les dossards et nous allons monter les tentes. Je suis heureux d’être là. Les parents à Cindy sont présents, nous partageons le dîner et nous préparons tenues et ravitos pour le lendemain.
17 Octobre 2019
3h15 - Lever pour accompagner Jérémie au départ de l’Endurance Trail à 4h. C’est magnifique ! Jérémie a l’air bien, il retrouve un ami avec qui il compte partager le périple. Nous observons le grand peloton s’éloigner dans la nuit en direction des montagnes. 4h10, nous avalons un petit déjeuner adapté à la journée et nous retournons nous reposer. 5h25, nous nous levons à nouveau pour nous rendre à la navette qui nous emmènera au départ du Marathon du Larzac situé à un peu plus de 20km de Millau, Montredon. Ouf, nous attrapons la dernière navette, même pas stressés, tout va bien. Arrivés sur site, nous nous échauffons tranquillement et nous nous plaçons sur la ligne de départ. Echanges sympathiques avec un jeune coureur. 6h57, la musique d’ERA est lancée pour faire monter les émotions et 7h nous partons pour 37km à travers les Causses. Pendant 1h, nous courons de nuit. Je me mets en retrait et je laisse Cindy mener l’allure. Elle gère au mieux et trouve son rythme, elle arrive à ne pas se faire entraîner par les autres participants. Les 20 1ers km sont une formalité. Des paysages magiques, quelques singles, des côtes et des descentes techniques de difficulté moyenne. En bons aventuriers que nous sommes, nous n’avons pas le profil de course en tête et nous laissons les chemins venir à nous.
Une 2ème course s’engage. Il est nécessaire pour le corps de s’adapter. Le ravitaillement est bien géré. Et nous trouvons les solutions pour que les quelques douleurs ressenties ne soient que passagères. Cindy continue à évoluer au mieux, elle se découvre des capacités qu’elle ne soupçonnait pas. Au 29ème km, surprise ! Nous arrivons à Massebiau et la dernière côte sera la montée vers la ferme du Cade. Je prodigue les derniers conseils et en avant pour une des dernières difficultés de la journée. La principale consigne est de ne surtout pas stopper son effort jusqu’à arriver en haut de la côte. Malgré les brûlures musculaires, Cindy s’accroche, elle est patiente. Je suis impressionné et heureux de ce partage. Nous arrivons au Cade, je la félicite. Elle téléphone pour avertir ses parents que nous arriverons dans environ 1h, ces derniers nous apprennent que Jérémie est avec eux, victime d’une grosse fatigue il a dû se résoudre à l’abandon. Nous avalons un bon ravitaillement en marchant et en route pour la dernière partie. Enchaînement de singles plus ou moins vallonnés avant de plonger dans une descente très raide et technique. Les jambes souffrent. J’encourage Cindy à serrer les dents, à ne pas lâcher, nous sommes à 2 km d’un beau défi. Enfin, un champ nous ouvre le chemin de l’arrivée mythique des Templiers. La famille est là, un grand moment d’émotion ! Je suis fier de ma compagne, nous venons de vivre une belle aventure. Nous avions prévu entre 8h et 9h d’effort. Au final, Cindy boucle les 37km 1500D+ 1800D- en 7h32’. Un grand bravo !
Nous profitons du moment avant de nous rendre au camping pour que Cindy se repose et que je me prépare pour la suite de mon défi. Repas, changement de dossard, changement de tenue, le départ du Marathon des Causses n’est qu’à 12h10 le lendemain, pas de stress ! On a même le temps d’une partie de pétanque en famille, le bonheur !
18 Octobre 2019
7h30 - Lever difficile, je suis constipé et c’est une vraie gêne. J’espère que ça passera. Je prends mon petit déjeuner, le problème est toujours là. Les quelques remèdes de la mère à Cindy ne changent rien, du moins pas dans l’immédiat. Les minutes, les heures passent, un stress monte et enfin, à une heure du départ c’est la libération après de douloureux efforts. Je pense alors avoir déjà puisé de l’énergie mais c’est sans compter sur ma motivation. Je me prépare, je m’isole quelques instants pour faire le vide.
11h50 - Je prends la direction du départ, je me sens légèrement fébrile mais déterminé. Il y a beaucoup de monde, Cindy est là, je suis serein et détendu, l’aventure continue. Le speaker me fait signe, je suis le seul à être inscrit sur 3 courses dans le weekend. L’émotion m’envahit, je vis une nouvelle belle expérience. Je me sens heureux.
12h10 - Après l’éternelle musique d’ERA, c’est le départ (première vague). Je suis en SAS Elite, simplement symbolique, je ne suis pas là pour une perf, seulement pour avaler des km en vue de l’objectif 2020. L’allure est rapide, je me trouve dans un peloton de 150 à 200 coureurs. Je surveille mon cardio pour rester dans une Fréquence Cardiaque de confort. Les 6 1ers km sont avalés tranquillement. Bientôt, la 1ere côte, nous sommes nombreux donc l’allure est commune. Après quelques dizaines de mètres, je me sens bien et je passe certains coureurs pour prendre mon rythme. Nous terminons l’ascension, c’est le moment de délier les jambes. Petit trot sur des traces en singles, paysages somptueux, je suis un groupe avant de sentir que je peux accélérer. Je passe plusieurs participants et je me retrouve seul pour amorcer la descente avant le 1er ravito solide. Je ne m’arrête pas, j’ai ce qu’il faut. 13ème km, la 2ème côte se présente. Je me sens très bien, je monte rapidement et je double beaucoup de monde. Avant le 15ème km, je ne compte pas les places mais je pense un top 100 (objectif secondaire envisagé en début de journée).
La portion suivante est un enchaînement de chemins plus larges avec des singles sur les plateaux. Nous pouvons profiter de superbes points de vue (même si c’est rapide). L’allure est bonne, le corps est relâché, je ne baisse pas jusqu’aux Privats (22km). Jérémie m’attends. Je ne m’arrête pas au ravito car j’ai mon perso et ça me convient bien donc je traverse la foule pour conserver ma progression. A ce moment là, je passe devant plusieurs concurrents. Le chemin est génial, technique à souhait, je prends un énorme plaisir ! Il reste une quinzaine de km, je suis motivé et déterminé. Je pense alors qu’avec la forme que j’ai, je pourrais arriver assez tôt à Millau pour récupérer au maximum pour le Grand Trail du lendemain.
Aux alentours du 30ème km, nous entamons la dernière grosse difficulté, la montée du Puncho d’Agast. Jérémie m’a rejoint pour faire un bout du parcours, je ne baisse pas l’intensité. Les muscles s’expriment pour la 1ère fois depuis le départ, normal ! Je serre un peu les dents et je gagne encore des places. J’avale une moitié de banane, je suis au top ! Au sommet, je me relâche et j’attaque les singles et la descente à pleine vitesse. Je regarde la montre, je peux finir en moins de 4h30 en conservant un max de jus. Plusieurs courses se rejoignent sur les derniers km, je dois me frayer un chemin. J’annonce mon arrivée pour pouvoir passer facilement, je file à toute allure, heureux de finir avec autant de forme et un mental au plus haut. Jérémie avale la descente dans mes pas et s’amuse, réconfort de la mésaventure de la veille. J’aurais symboliquement gagné 81 places entre le 1er point de contrôle et l’arrivée, en 4h27. La famille est là, je me ravitaille tranquillement dans l’herbe. Je suis serein, la tête déjà tournée vers le dernier jour, le Grand et Magique Trail des Templiers.
Direction le camping, je prends une douche, je mange, je prépare ma dernière tenue, j’accroche mon dernier dossard. Tout va bien, le corps va bien, je suis ultra motivé ! 20h30, je me couche. Lever 2h pour manger (pour optimiser la digestion, ensuite je me recouche), le départ est à 5h45.
Je commence à trouver le sommeil au milieu des bruits incessants provoqués par des rafales de vent. Je pense que les conditions pour la course seront très difficiles surtout que la pluie devrait s’ajouter au vent. L’annulation me traverse l’esprit sans trop y croire. 24 années de Templiers et pas une seule annulation, seulement des modifications de parcours. Et pourtant…
Vers 23h, 23h30, Jérémie vient nous réveiller pour nous annoncer la nouvelle qu’il vient de voir sur facebook. La grande course des Templiers est annulée, je ne suis pas surpris plus que ça. Pourtant, je me sens perdu. La première chose que je fais est d’allumer mon portable pour constater moi-même l’information et voir si l’organisation nous a envoyé un sms, un mail, … Ensuite, la faim se fait sentir (repas pris à 17h30). Je me prépare quelque chose et je mange en compagnie de Cindy, dubitatif. Je pense alors que si les participants courent un grand danger à faire la course, il est très sage d’annuler. Nous pourrons et nous reviendrons l’année suivante. Je ne suis pas énervé, je suis paisible.
Nous nous recouchons sans pression, plus besoin de nous lever tôt. Avant de dormir, je pense à une envie de Cindy sur le chemin pour venir à Millau, celle d’aller voir la ville de Conques. Je lui en parle, elle est ravie.
Dimanche 20 Octobre
7h - Lever. Nous rangeons les tentes, il n’est pas utile de rester à Millau surtout que le temps va sérieusement s’aggraver. Nous prenons le petit déjeuner en famille. Nous sommes à la cool. A 9h, nous partons direction Conques pour une matinée touristique et un pique-nique tranquille. C’est un plaisir de prendre son temps. La ville et ses monuments sont magnifiques.
Jérémie me parle d’un trail en 2 étapes sur 2 jours du côté de Guéret, dans les alentours de Limoges. Aussitôt, je rebondis, voilà une autre possibilité pour moi de compléter mon entraînement pour l’Himalaya. Et puis, en 2020, les Templiers sont déjà dans mes pensées, j’ai un défi à terminer…
Bilan plus que positif sur le plan sportif. Ma nouvelle façon de m’entraîner et de me ravitailler me convient parfaitement. De plus, j’ai retrouvé une foulée relâchée et fluide grâce à mon passage entre les mains expertes de mon ami Guillaume JOURDAIN. Il a guérit une blessure vieille de 4 ans. Un grand merci à lui. Les tests continuent. Dans un moment de doute sur ma pratique du trail, des solutions sont venues à moi et le plaisir est retrouvé. Je suis motivé pour organiser ma passion de façon plus sage et raisonnée afin de m’amuser encore de longues années.

Prenez soin de vous les amis.
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