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L'impulsion d'une traversée (Avant-propos et 1ère partie)

  • Photo du rédacteur: Christophe Dain
    Christophe Dain
  • 3 oct. 2023
  • 43 min de lecture


Avant-propos



Ma vie de sportif m’a amené vers le trail. Des premières distances de dix kilomètres puis quinze qui deviendront vingt-et-un et trente-deux pour s’envoler vers soixante-treize et l’aire du premier ultra trail. Plaisir immense et direction deux longues distances par an. Petit à petit, le cent kilomètres fut arpenté. Et dans un coin de ma tête le « Mont Blanc » ou « La Réunion ». Ce qui m’attire dans ce genre de course, outre le défi, c’est la nature. Etre longtemps avec elle, admirer ses paysages. J’aime aussi les rencontres éphémères avec les habitants des petits villages traversés, lieux-dits ou autres hameaux. Echanges brefs voire très brefs : « un p’tit salut », mais toujours chaleureux. Je suis également touché par le partage et la solidarité entre coureurs. Pas de performance prioritaire, la simple envie de vivre seul ou à plusieurs une aventure incroyable. C’est donc en toute logique que quatre années après mon premier trail, je prends part à mon premier cent miles (cent soixante-sept kilomètres) qui traverse une partie des Pyrénées Catalanes et Atlantiques.


J’ai commencé ma préparation mi-Juillet pour profiter de ces temps sereins et tranquilles que sont les congés (normalement car parfois le cerveau est très actif). Avec mes premières séances, une idée est venue à moi. Je dis cela car je suis tombé par hasard sur une course hors normes découvert sur les réseaux sociaux (Pourquoi « hors normes » me direz-vous, cent miles ce n’est pas « hors normes » ?). Les organisateurs parlent de traverser les montagnes pyrénéennes en commençant à environ trente kilomètres de la Mer Méditerranée, à Le Perthus, pour finir sur une plage de l’Atlantique, à Hendaye. Pour réussir ce pari fou, il faut couvrir entre cinquante et soixante kilomètres par jour sur une durée de quinze à dix-huit jours. Cela représente une distance de près de neuf cent kilomètres, impensable ! L’autonomie est pratiquement totale, entre vingt-deux et vingt-cinq postes de contrôle, vingt repas chauds servis et trois bases de vie (environ une tous les deux cent cinquante kilomètres). La plupart des gens seraient effrayés. Moi, je suis émerveillé et tenté par ce périple. Une des conditions principales est d’avoir participé à au moins un ultra de cent miles. Quelle aubaine, j’en fais un dans quelques semaines.


Etant sponsorisé localement, j’envisage de dénicher un partenaire supplémentaire (national) et j’ai quelques pistes. En cas de réponses négatives, je me « sponsoriserai » moi-même. L’objectif est la participation, non mais.


Mes quatre années de pratique m’ont permis de rencontrer beaucoup de gens et les relations sont opportunes mais surtout sincères et constructives. Un jour, certaines connaissances parlent devant moi d’une association. J’ai déjà couru pour des associations et c’est très rapidement que je décide de contacter les responsables de celle-ci pour évoquer un projet auquel j’ai pensé.


Dans les deux premières parties du récit, vous allez découvrir la préparation, la naissance du projet associatif en faveur des enfants et la réalisation de mon premier cent miles.


Ensuite, les troisième et quatrième parties sont dédiées aux périodes de stage en conditions réelles avec la suite de la construction du projet pour aider une association.


Enfin, vous vivrez à travers mes yeux ma traversée des Pyrénées par le GR10 en 2018. Jour après jour, je vous raconte cette belle aventure au caractère solidaire.





1/ Préparation de mon premier cent miles




Je décide ce jour (22/08/2016) de vous faire partager un moment de chaque journée d’entraînement pour le « 100 miles du Sud de la France » en mettant l’accent sur le ressenti pendant les séances. Ce que je vois, comment je suis, à quoi je pense… Une sorte d’immersion dans le quotidien de ma vie de sportif et en particulier de cette préparation d’ultra marathonien.



23/08/2016


Pas facile pour moi de me lever mais cela fait maintenant cinq, six jours que c’est comme ça, un relâchement ? Souvent le cas dans la deuxième semaine de congés. Je bois un verre d’eau, quelques mouvements et je pars avec les chiens pour leur première sortie du matin. J’en profite pour faire mon échauffement. A quelques mètres de la maison, dans un chemin, j’aperçois un merle. Il n’a pas l’air en forme. Je m’approche et effectivement, il semble lui manquer toutes les plumes à l’arrière, un chat ? Je me demande si je peux l’aider mais celui-ci s’engouffre à travers un grillage et rentre dans une propriété. Tant pis, espérons qu’il s’en sorte au mieux, les lois de la nature…


Je réalise mon échauffement et je ramène les chiens à mon domicile. Je pars. Les premières foulées sont difficiles, d’autant plus que depuis la veille, je souffre du dos et un peu de l’arrière de la cuisse gauche. Je ne me laisse pas abattre. La sortie du jour est de quarante minutes. Les deux, trois premiers kilomètres du début sont sur route. La motivation arrive enfin avec la vision de la rivière et sa traversée (sur un pont) laisse entrevoir les dunes qui surplombent la mer. La foulée devient plus légère et je me sens mieux. J’arpente les dunes magnifiques avec un ciel bleu qui les illumine. L’heure est matinale et peu de personnes sont présentes. Je respire, je suis bien.


Au cinquième kilomètre, je n’en crois pas mes yeux. Le bois devant lequel je passe régulièrement, verdoyant et respirant de vie, a été en partie décimé par les flammes. Le spectacle est macabre et me rempli de tristesse. Je regarde chaque arbre, chaque arbuste, chaque plante et je les « invite » à se relever, à se battre pour renaître et à effacer toute trace de ce terrible incendie.


Je ne suis pas maître de ces lieux mais un peu d’énergie positive me semble nécessaire face à la situation. Je continue mon chemin en espérant qu’un jour la nature reprendra ses droits.


Je traverse un parking où deux quinquagénaires profitent d’un petit déjeuner. Un bonjour, un sourire et plus que deux kilomètres à parcourir. Foulée aérienne et douleurs estompées, je rejoins le domicile. Une étape est encore passée me rapprochant de l’objectif de cette fin d’année. Je suis légèrement fatigué mais patient. Pas de compétitions intermédiaires prévues, seulement la sérénité de l’entraînement.




24/08/2016


Journée riche et remplie. Comme la veille, difficile de démarrer. Se lever fût aisé mais la mise en route des articulations et de leurs muscles le fût moins. Je suis courbaturé de la journée précédente. Je sors les toutous avant de débuter la séance. Je commence ensuite à courir et jusqu’au troisième kilomètre mes foulées sont lourdes. Au fur et à mesure, je me relâche et je ressens plus de fluidité et de légèreté. Je fais deux fois la même boucle pour aboutir au temps d’échauffement désiré avant d’attaquer le bloc de travail du jour.


Fait marquant de la sortie : un homme armé d’un appareil photo. Je passe devant lui et nous nous saluons. A mi-parcours de la première boucle, je croise à nouveau l’homme grisonnant à l’allure nonchalante. Un sourire et je continue. Au début de la deuxième boucle, c’est notre troisième rencontre, nous rigolons. Je m’amuse du contraste de vitesse ou de l’impression de tourner en rond.


Je lui souhaite une bonne journée car je sais qu’en fin de boucle, je prendrai un chemin différent. Il sourit. Bizarrement, je le revois une quatrième fois en moins de 20 minutes. Cette fois-ci, je lui lance un bienveillant « à bientôt » et lui me répond d’un chaleureux « au revoir ». Je n’essaie pas d’interpréter cette rencontre, je m’en amuse simplement.


Je termine mon échauffement par une descente accompagnée d’une montée et j’arrive au stade de football. Pas de pause, bloc de travail du jour : fractionné ! Le terrain est synthétique, ce n’est que du bonheur. Cela donne plus de dynamisme à ma foulée et limite l’apparition de douleurs. J’enchaîne les longueurs en mode « machine » et je rentre sereinement à la maison. Un pas de plus vers l’objectif !


Ensuite, c’est journée en famille avec une sortie kayak pour un moment de détente. Endroit paisible, nature tranquille. Nous rencontrons des belles personnes proches de la terre, de ses paysages, de sa faune et de sa flore, un bel instant de partage.




25/08/2016


Troisième entraînement cette semaine avant une journée de repos. La motivation est là. Je me lève endolori mais pas de raideurs musculaires. Le temps est magnifique. Comme à l’habitude ces derniers temps, les premiers kilomètres sont difficiles, l’âge peut-être (la trentaine bien passée et la quarantaine qui jette son œil).


Je cherche le relâchement. Pas d’éléments qui m’interpellent. Je me sens plutôt concentré, je vais faire un bloc de fractionné long, une vitesse moyenne plus ou moins élevée (allure semi-marathon) tenue sur plus d’1km quatre fois à suivre avec très peu de récupération entre les répétitions.


Après l’échauffement, je commence le bloc technique. Je pose mon attention sur le placement de mes jambes, de mes pieds, de mes bras et sur ma respiration. Avant de réaliser la deuxième phase d’accélération, pendant un temps de repos, j’aperçois un, puis deux, trois et enfin quatre chevreuils. Quel émerveillement devant cette belle famille ! Je suis tout simplement heureux et je remercie ma passion pour la course à pied. Toujours des moments d’exception aux abords des chemins.


Je passe dans une ville et je termine ma dernière accélération sur le bord de mer. Il s’y trouve une piste cyclable tout à fait propice à la vitesse. Quelques cyclistes, quelques coureurs, quelques promeneurs. Je dis bonjour, je souris, je partage ma joie. Je m’amuse, en toute humilité, à dépasser et à distancer les joggeurs que je rencontre. J’accepte la situation et je suis satisfait de ma séance. Je fais un retour au calme (footing) et je me rends au parcours sportif près de la maison. Des assouplissements, un peu de renforcement musculaire et je rentre me restaurer. Le reste de la journée et le lendemain seront réservés au repos et à la détente en famille. Des moments qui ont aussi leur importance dans une bonne préparation.




27/08/2016


Après une journée tranquille (quand même vingt minutes de nage en mer mais bon c’était sans forcer, « à la cool »), je reprends l’entraînement sereinement avec beaucoup de motivation. Aujourd’hui, quarante minutes de footing au programme. Je décide de parcourir une partie du tour d’un des plus beaux lacs de la région. En plus, la famille pourra m’accompagner et nous profiterons d’un pique-nique avec jeux et pêche.


Je teste le parcours en mode nature à 100%. Un simple short, une casquette et un petit bidon d’eau. La sortie se fait pieds nus. Je fais cela dés que possible, les sensations sont énormes. Le sentiment dominant est sans nul doute la légèreté. Les muscles réagissent bien, la foulée est fluide et aérienne. Seul point noir les petits cailloux qui endolorissent la voute plantaire. Je n’y prête pas attention et je me concentre sur le plaisir de sentir la terre en contact avec mes pieds. J’avale chemin, bitume (très peu, ouf !), montées, descentes. Je m’amuse comme un gamin qui court sans but en totale insouciance.


Je croise beaucoup de personnes et je leur envoie mon bonjour. Quelques uns sont étonnés à la vue de mes pieds sans chaussures. Je ris intérieurement, je suis bien et c’est tout. La nature est belle, paysages magnifiques, quel bonheur ! Je finis la sortie et je retrouve ma famille pour un après-midi paisible.




28/08/2016


Ce matin, réveil facile mais je ne suis pas énormément motivé. La sortie du jour est longue et je ne suis pas sûr de mon niveau de forme. J’ai des douleurs de la veille, séquelles de ma rencontre avec quelques cailloux…


Un verre d’eau, quelques mouvements, balade des toutous et échauffement. Ma préparation est plus longue que d’habitude mais petit à petit j’éprouve un peu plus d’envie pour l’aventure du jour. Un bisou à ma bien-aimée et je démarre.


Les conditions météo sont bonnes, pas trop chaud et un peu de vent. Je change de chemin pour donner de l’attrait supplémentaire à l’entraînement. Je ne suis pas interpelé par quoi que ce soit. Je suis en mode « machine », concentré sur les blocs de vitesse, sur mon fractionné long. Au bout de trente minutes, le pas est léger, je fais quelques éducatifs pour m’amuser. Ensuite, les yeux sur la montre, je maintiens les allures programmées en alternant phases de vitesse et phases de récupération. Après une heure et quarante minutes, la séance est presque finie. Je me rends dans le parcours sportif près de chez moi pour enchaîner des montées et des descentes de marches (environ quatre-vingt) pendant vingt minutes. C’est peut-être le moins facile ce matin mais je garde en tête que c’est à ce prix que je réussirai l’aventure dans les Pyrénées. Je suis seul, je fais le job et je rajoute même deux minutes comme pour chercher plus de progression. Je termine fatigué, je rentre en marchant, je bois un peu d’eau et je mange les quelques denrées restantes dans mon sac.


Sur le chemin, la petite famille est venue à ma rencontre. Je suis serein et content, satisfait même. Ce soir, c’est sortie vélo, peut-être que quelque chose attirera mon attention…


Après un bon repas, je vais voir un match de football féminin. Mon amie joue en championnat cette année. A mon tour de l’encourager. Coup de sifflet final, tout le monde rentre au vestiaire et il est temps pour moi de repartir m’entraîner. Cette fois-ci sur mon beau VTT. Je suis toujours en manque de motivation. Décidément, la journée est platonique, le plaisir a décidé de briller de son absence pendant l’entraînement.


Coup de pédale après coup de pédale, j’avale les kilomètres, les cuisses chauffent vite, séquelles de la séance du matin. Rien ne marque la balade. Je croise des gens, je lâche des bonjours ou des sourires. Pas d’animaux à contempler. La fin de mes congés arrivent et certainement celle des autres aussi. Pas envie d’y retourner… Je suis pour le moment simplement heureux de mes vacances, satisfait de ma semaine en famille et des séances accomplies. Encore des étapes qui conduisent à mon projet. Ce soir, je suis dans une sympathique plénitude.




30/08/2106


La veille (29/08/2016), c’était journée de repos sportive avec la reprise de l’activité professionnelle. La matinée a été rythmée entre travail en solo et en équipe. Temps de présence « obligatoire » écoulé, le job fait, je ne me suis pas attardé. J’étais là physiquement mais l’esprit était ailleurs. Une seule chose occupait mes pensées : mon périple dans les Pyrénées. Je ne dirais pas que je suis impatient, simplement heureux d’y aller.


Séance du jour : quarante minutes de footing. Je décide de la faire pieds nus en forêt, je suis bien motivé. Je m’échauffe, tout va bien mais après les premières foulées, mes voutes plantaires sont sensibles et douloureuses. un puis deux kilomètres, je n’ai pas de bonnes sensations et j’ai de plus en plus mal. Je ralentis l’allure, je modifie ma foulée mais rien à faire, c’est un calvaire. Je résiste un moment avant d’écourter la sortie après trente-quatre minutes. Le temps de soigner les traumatismes, je mettrai des chaussures mais je n’abandonnerai pas complètement le minimalisme à moins d’une quelconque contre indication…


Je finis par un peu de renforcement musculaire. Je vais mieux, l’endroit est paisible. J’entends quelques bruits dans les buissons et un oiseau s’envole en criant. Je me demande ce qu’il veut dire mais je n’en saurais rien.


L’entraînement du jour n’était pas à la hauteur de mes espérances mais j’accepte, ça ira mieux demain. La tête est vide, l’esprit vagabond.


Ce soir, je prends un temps pour appeler l’association pour laquelle je souhaite courir. Après quelques recherches, je sais que celle-ci a été créée pour venir en aide à une petite fille qui souffre d’une maladie empêchant ses muscles et ses tendons de se développer et de grandir normalement. Les membres (dont les parents) recherchent une aide financière permanente pour répondre au coût de plusieurs opérations.


Mon appel reste sans réponse(s). Je laisse un message.




31/08/2016


Ce matin, sortie aux aurores, ça faisait longtemps. La nuit s’efface doucement pendant que je me prépare. Balade des toutous et échauffement. Les pieds sont toujours douloureux mais je fais confiance à mes chaussures, l’amorti qu’elles offrent me permettra d’honorer la séance. 2 heures prévues.


Je pars au rythme léger de mon endurance. La fréquence cardiaque est bonne, l’air est frais et la foulée facile. Passage dans les dunes au troisième kilomètre. Ce sera environ sept kilomètres dans le sable, appuis fuyants, en alternant petites montées, descentes et chemins. Les paysages sont extraordinaires. D’un côté, la mer et sa couleur bleu azur, fraicheur du matin et de l’autre, le soleil se levant au-dessus de la cime des arbres. Je remercie mère nature de ce qu’elle offre.


Les petites difficultés physiques, mes douleurs plantaires aux deux pieds, s’estompent. Je me sens mieux. Je m’enfonce alors dans la forêt et la cadence devient plus régulière. Je ne croise pas beaucoup de monde. Des promeneurs solitaires avec leur chien et quelques joggeurs. Je n’ai pas la chance d’apercevoir quelques uns de nos amis les animaux. Je partage avec la nature, je capte son énergie en la remerciant. Mes pensées sont paisibles, une vingtaine de kilomètres avalée sereinement. Une légère fatigue arrive sur les derniers sentiers mais je connais bien le final, je laisse faire les choses, l’entraînement se termine calmement.


Fait marquant du jour : des travaux sur le passage de l’écluse en sortie de forêt en direction de la zone dunaire avant le retour vers la maison. Cela m’oblige à faire demi-tour et à rallonger la distance de plus d’un kilomètre. Rien de grave, je conserve ma patience et je prends mon temps. Je me sens épuisé mais très content.


La semaine est un peu bizarre sur le plan physique. Je dois laisser passer, continuer sans trop me prendre la tête et réadapter les séances. Le corps devient plus fort malgré tout. La motivation est là et l’envie aussi.




01/09/2016


Changement de mois en milieu de semaine. Après quelques séances réalisées en mode « faire le job », je ressens de nouvelles émotions. Ce matin, je pars avec un peu de douleurs aux jambes mais la foulée est tranquille et surtout facile. Trente minutes de footing avant quelques accélérations. La nuit s’en va laissant place au lever du jour. J’adore ce moment, courir au petit matin. Je regarde le ciel devenir bleu, c’est tellement beau. J’observe des traits blancs dans cette immensité, sûrement les traces de plusieurs avions. Je pense à la ressemblance avec des cicatrices laissées par des éléments étrangers dans notre belle nature.


J’arrive dans une descente, je passe une passerelle et j’avale une montée de rochers avant de retourner en direction du stade de football. A l’approche de celui-ci, un lièvre me fait face. Il ne met pas longtemps à détaler en sprintant. Je crois que l’animal peut courir à soixante kilomètres par heure ou plus. Je m’amuse à penser que si j’avais commencé mon bloc d’accélérations successives, j’aurai pu rivaliser avec lui sur les premiers mètres, les cinq premiers peut-être... Il n’en est rien, le lièvre s’évapore dans la nature.


Je trouve une façon ludique d’enchaîner les longueurs de terrain et le bloc de travail du jour est avalé dans les meilleures conditions. Je rentre sereinement, satisfait de la séance.


Toujours pas de réponse de l’association. La semaine suivante, je retente ma chance avec un autre moyen de communication. J’ai appris cette semaine que mon « gros » projet de participer à la Transpyrenea (Traversée des Pyrénées par le GR10 en solitaire) n’aurait lieu que dans deux ans en 2018. J’ai donc du temps pour préparer mon action solidaire.




03/09/2016


Ayant pris une journée de récupération (sportive), la séance du jour se fait après une prise de sang en laboratoire. Je dois vérifier que je n’ai aucune carence avant mon aventure de cent soixante-sept kilomètres dans les Pyrénées.


Ce matin, je me sens bien. Je m’échauffe et je pars. Je suis étonné, mes jambes sont légères, mes pieds comme des ressorts, le souffle tranquille. Je retrouve des sensations devenues rares ces derniers mois. C’est un pur bonheur, la respiration est posée et le rythme des foulées est de plus en plus facile. Je suis heureux, je profite.


Je fais quatorze kilomètres en une heure et j’enchaîne par douze minutes de montées et de descentes d’escaliers (quatre-vingt marches). Waouh ! La patate ! Je crois que pour un coureur, il n’y a pas de plus grand plaisir que de finir un entraînement en état absolu de bien-être sans aucunes douleurs.


Le lendemain sera la grosse journée avec quatre heures de sport. Je suis hyper motivé. Pas de fait marquant ce jour. Je dirai juste une petite sensation de « voler » au-dessus du sol.




04/09/2016


Lever tranquille sans réveil. Tarder un peu au lit n’est pas si mal. Je prends mon petit déjeuner et je n’ai pas vraiment envie d’aller courir. Je ne me sens pas aussi léger que la veille.


Je m’échauffe et je commence à courir. Les jambes sont « grippées », lourdes, ça s’annonce difficile (revers de l’euphorie du jour précédent ?). Je me concentre sur le simple fait d’avancer. J’ai prévu une heure de footing avant trois blocs de « vitesse », on verra bien. Je croise plusieurs vététistes qui semblent participer à une randonnée organisée.


Je continue et ça ne se passe pas trop mal. Je pense : « pas de fait marquant aujourd’hui. ». Au même moment, je tourne la tête sur la gauche et je vois des chèvres dans une parcelle de terrain. Elles sont montées sur des fabrications en bois avec une certaine prestance, semblant fières de leur « numéro de cirque ». Je suis très amusé. La voilà mon attraction du jour !


Un peu plus loin, je croise un cheval avec sa cavalière. Je trouve l’instant majestueux. Arrivé à leur hauteur, je me demande quelle sera la réaction de l’équidé quand je le doublerai. En potentiel compétiteur, voudra t-il me rattraper? Il n’en est rien, il reste calme sous le contrôle de sa propriétaire. Ensuite, je m’engage sur les chemins au milieu des marais et je me lance pour ma première accélération : quinze minutes à allure marathon.


Certains penseront à une vitesse faible en prenant en compte la distance importante de quarante-deux kilomètres et cent quatre-vingt quinze mètres. C’est sûrement une vérité pour une grande majorité des participants qui ont pour simple objectif de finir cet incroyable défi. Il y a une autre catégorie de personnes qui s’entraînent pour réaliser une belle performance, un challenge à la hauteur de leur niveau et de leurs espérances. Dans ce deuxième cas, l’allure marathon devient supérieure à l’allure de l’endurance, du mode « footing ». N’étant pas loin des trois heures sur la distance, c’est donc pour moi une augmentation significative de l’intensité de l’effort sur les trois blocs de vitesse.


Je double des promeneurs à pieds ou à vélo et quelques joggeurs. Je salue tout ce beau monde. Un secret de réussite pour les séances difficiles : garder le sourire en toutes circonstances.


Cinq minutes de repos en trottinant avant le deuxième bloc de travail. J’accélère à nouveau, c’est dur, le paysage ne me captive pas beaucoup mais je reste concentré sur mon objectif d’allure. Je dis bonjour aux gens, aux chevaux, à un âne, c’est de l’énergie positive. Ouf, le repos de cinq minutes, je me relâche. Et c’est parti pour le troisième et dernier bloc. C’est très dur, trop dur ! Je m’accroche, le mental prend le relai, j’y arriverai ! Je rencontre moins de monde. A cinq minutes du terme, je dépasse deux joggeurs qui courent déjà à bonne allure et je les salue. Deux minutes… ça y est, terminé ! Je suis heureux.


Place à un temps de récupération, un footing léger d’une vingtaine de minutes. Je gère au mieux. Je vois alors revenir sur moi le couple de coureurs croisé dix minutes plus tôt. Nous échangeons des regards, un sourire et je leur annonce que je vais me caler dans leur foulée. Cela me sera utile pour atteindre la prochaine étape. Nous discutons et la difficulté est moindre. Arrivés près du lieu où se trouvent les escaliers, outil du prochain supplice, nous nous quittons et je les remercie chaleureusement. Comme je dis souvent, la course à pieds est un sport solitaire mais qui ne manque pas d’être solidaire.


Allez huit montées de marches… Plus dur que la veille, je prends mon temps. J’adapte le rythme en fonction de la forme physique et je réussis. Je termine sur une dernière formalité, un footing au petit trot de quinze minutes. Allure plus que lente, je passe devant une construction sur pilotis, châssis alu et plancher suspendu en bois. C’est une zone facilement inondable, est-ce un projet expérimental ? Bref, je fais mon aller-retour et je rentre à la maison.


Je suis épuisé mais satisfait. Je me pose dans le jardin le temps de récupérer. Une étape difficile est franchie et celle-ci me rapproche un peu plus des Pyrénées. J’avale un bon repas, je fais une petite sieste et je reprends le vélo pour mon dernier entraînement de la semaine.


Je roule tranquille, libre et serein. Les jambes se délassent. Le parcours est facile, la nature est belle. Je traverse la campagne pour finir en bord de mer. Les pistes cyclables sont remplies de monde. Je slalome et je m’amuse des sensations d’évitement. Le vélo m’aura fait un bien fou.


Fin de journée au bord d’un étang avec la petite famille et les deux chiens. Je suis paisible, la sensation du devoir accompli, un bonheur tout simple.




07/09/2016


Dur de se lever ce matin après deux jours de repos sportif. Je suis quand même motivé car la séance prévue est courte. Un verre d’eau citronnée, un échauffement et en avant.


Les jambes ont du mal à se lancer. J’ai besoin d’un peu de temps et de quelques éducatifs pour trouver une cadence souple et profitable. Je retrouve le sourire ou plutôt ma joie grandit quand j’aperçois devant moi un beau chevreuil. Je le salue et il se sauve rapidement. J’adore ces rencontres et mon sport le permet très souvent avec toutes sortes d’animaux.


L’heure est matinale, je ne croise pas beaucoup de monde. Je traverse quelques quartiers, un chemin de campagne et j’emprunte une allée menant à la mer. Quel superbe décor ! Je cours et la grande bleue est en fond de toile à l’horizon, c’est magnifique ! Je poursuis sur une petite hauteur. Une vue d’exception s’offre à moi. Sur ma gauche, le soleil levant au-dessus de plusieurs maisons et sur ma droite, l’immense étendue d’eau de l’océan qui surplombe les dunes, ouaaah ! Décidément, ma sortie est magique.


Je termine au mieux, rempli de sérénité. Je fais quelques mouvements de renforcement musculaire et je prends mon petit déjeuner en famille. Encore deux jours de repos sportif. La récupération fait partie du programme. Je vais en profiter pour recontacter l’association pour la petite fille atteinte d’une maladie qui touchent ses muscles et qui l’empêche de grandir normalement. Toujours pas de nouvelles…




09/09/2016


Après une journée et demie de récupération, en sollicitant moins mon corps physiquement, je prends conscience qu’un grand nombre de choses me perturbent l’esprit ces derniers temps. Je fais ce que j’ai à faire avec un tas de questions. Une seule certitude : j’aime courir et écrire mais dans la société d’aujourd’hui, il est difficile de subvenir à nos propres besoins et à ceux de notre famille grâce à nos passions. Il est souvent nécessaire de passer par des activités professionnelles de transition avant de trouver une reconnaissance qui nous permettra de vivre nos rêves.


Le but de mon métier actuel est de veiller à ce que les gens prennent soin de leur santé, qu’ils en soient acteurs. Je vais de déplacement en déplacement pour leur permettre d’accéder à la connaissance de leur corps. Je donne de l’énergie, je m’implique pour chaque personne rencontrée et le résultat n’est pas toujours à la hauteur de mes espérances. Certains ont besoin de plus de temps que d’autres pour réagir ou simplement agir. Un nombre conséquent n’a pas conscience de la souffrance du corps face à des situations répétitives et quotidiennes. Beaucoup de personnes ont peur du changement et préfèrent subirent que de mettre en place de nouvelles adaptations même minimes pour prendre en charge leur bien être. Ma leçon est d’apprendre à me concentrer sur de petites victoires, des échanges constructifs, des conseils écoutés ou des techniques utilisées. Cela représente un petit pourcentage mais c’est déjà une grande réussite. Mes proches et mes collègues sont présents et nous nous soutenons mutuellement.


Les quelques mots écrits m’ont apaisé. J’ai toujours des questions au fond de moi mais je relativise. Je souhaite que ma séance de ce soir se fasse dans un état d’esprit serein.


Au programme : une séance de fractionné court.


Je m’échauffe avec la routine habituelle et je pars. Les jambes sont légèrement flageolantes. La foulée est bonne et fluide. Je pars un peu vite, je suis motivé par mon passage devant le stade de foot où s’entraîne l’équipe locale. J’arrive dans un passage avec descente sur rochers et montée sur un chemin portant les stigmates de plusieurs coulées d’eau, sillons creusés par les pluies passées. Cela me met en jambes, je suis bien lancé. Trente minutes pour préparer le corps à l’effort : la température augmente progressivement, les muscles se détendent et la respiration se cale sur le rythme des foulées. Je fais quelques éducatifs (retour talon vers creux du genou) et quelques accélérations pour faire monter la fréquence cardiaque, tout va bien !


Le bloc du jour est quinze fois cent mètres à cent pour cent de ma vitesse maximale en endurance. Chaque accélération est réalisée aisément avec une belle amplitude et une cadence intéressante. La semaine de récupération a fait son effet. Ce qui m’interpelle aujourd’hui est la facilité avec laquelle je cours. Ça me fait un bien fou.


En rentrant, je me remets à écrire. Je vais le faire, ne pas laisser passer trop de temps, conserver une motivation pure et bénéfique. Cinq jours ont passés depuis mes derniers écrits. Quelques moments d’aventure et de belles rencontres m’ont permis de me retrouver. C’est donc avec plaisir que je vais à nouveau danser avec les mots.


En fin de journée, je prépare le diner et j’attends mon amie.

A son arrivée, nous nous installons et nous profitons du bonheur d’être à deux.




11/09/2016


Lever au milieu de la nuit, léger encas et direction Le Finistère. On m’a invité à participer à un raid en VTT. Première expérience en mode « défi ». D’habitude, j’utilise le vélo pour l’entraînement croisé avec la course à pieds. Cela diminue les pressions exercées sur le corps. Je privilégie également ce moyen de transport, dés que possible (quand la distance le permet), pour mes déplacements professionnels ou privés. Sans oublier les quinze années de BMX qui ont contribué à mon plaisir sur deux roues. Je suis confiant sur ma pratique mais je m’interroge car je ne sais pas du tout ce que veut dire « raid » en VTT.


J’arrive à Huelgoat pour arpenter les monts d’Arrée et leur forêt légendaire. Je plonge en terre inconnue. Imaginez : environ six mille cinq cent personnes sur leur VTT sur des parcours de vingt à deux cent kilomètres foulant des sentiers de boue, de terre, de graviers, de cailloux, d’herbes hautes, de rigoles plus étroites les unes que les autres, le tout dans une accumulation de montées et de descentes, l’« éclate » garantie.


Les départs se font par vagues en fonction des objectifs de chacun pour gérer la masse de cyclo randonneurs. Je suis en mode « solo » sur la distance de quatre-vingt kilomètres, une séance de préparation intéressante pour ma course de montagne. Des ravitaillements sont prévus mais je choisis la gestion en autonomie complète. J’ai un sac avec sandwichs, bananes, crèmes chocolat, barres à la pâte d’amande, compotes et un réservoir d’eau de deux litres. Victuailles suffisantes pour tenir pendant quelques heures.


Dans certains chemins, de la boue (inévitable) et de grandes flaques d’eau (presque de petits étangs parfois). Je n’ai pas peur de me mouiller, je suis équipé pour donc j’y vais franchement, de la boue sur tout le corps et un beau masque pour le visage. Je suis parti un peu après mon groupe prévu donc je m’amuse à rattraper un par un de nombreux vététistes. J’aime la vitesse sur un vélo, une sensation similaire à de la glisse. Et puis, en prenant les devants, c’est l’occasion d’avoir de beaux moments de solitude partagé avec mère nature.


Dans une descente vertigineuse avec une vitesse proche des cinquante kilomètres par heure, quelques racines et un gros rocher font éclater net la chambre à air de ma roue arrière. Dans mon sac, heureusement, j’ai prévu le nécessaire. Je sors une chambre à air toute neuve que je change en très peu de temps et j’avale une banane, moment propice pour un petit ravitaillement, le bon côté de la crevaison. J’ai compris le message, il était l’heure de reprendre des forces. Finalement, je me serais arrêté au moins une fois. Je repars et je reprends une cadence de pédalage qui me correspond. Je dépasse à nouveau les quelques participants qui étaient repassés devant et je suis bien. Cela ne dure pas. Nous arrivons dans les premières grosses montées. Un beau dénivelé qui chauffe les cuissots. Je préfère même utiliser mes talents de traileur privilégiant la course à pieds ou la marche dans certaines côtes. Je n’ai encore jamais eu autant mal en vélo. Je prends goût à ce nouvel effort. L’intensité et l’endurance se rapproche d’un ultra-trail à la différence que les quelques plats et descentes (sans cailloux) offrent de vrais moments de repos, on laisse aller.


Au détour d’un chemin, j’aperçois ce qui sera certainement une des plus difficiles sinon la plus difficile montée du parcours. Allez go ! Danseuse, position assise, changements de vitesses, je tente toutes les solutions mais je me rends vite à l’évidence, ça va piquer ! Il me faut tenir. Je m’accroche, je prends mon temps, la patience comme amie. Quinze minutes d’effort me sont nécessaires pour atteindre « le sommet ». Bon d’accord c’est vrai qu’en ultra c’est souvent une heure ou plus d’ascension.


La différence et pas des moindres, est sans doute la vélocité, conserver une rotation permanente et régulière des pédales. En course à pieds, dans une montée, entre deux pas ou foulées, on peut marquer un temps de pause sans conséquences alors qu’en vélo, une pause entre deux coups de pédale dans une côte implique un arrêt immédiat. Il est quasiment impossible de relancer sur le champ sans poser un pied à terre ou alors l’exercice demande une puissance extraordinaire. Acte qui ne manquera pas d’entamer, pour le téméraire, fortement les réserves énergétiques musculaires et compromettre la tentative d’atteindre au mieux et dans les meilleurs délais le sommet tant convoité.


Après ce court passage technique, revenons à nos moutons. Au moyen d’une belle détermination, j’arrive sur le haut de la « colline ». Les muscles sont chargés en acidité (attention aux crampes, importance de bien s’hydrater). Ouf ! Dans la descente (très appréciée quand elle est juste après une montée), je vois droit devant la zone de ravitaillement.


C’est le cinquantième kilomètre, je m’autorise un arrêt. L’organisation a installé un barnum avec de quoi se restaurer. Un bon petit gâteau, une boisson riche en sodium et quelques morceaux de tomates me font du bien. J’en profite pour regonfler mon pneu arrière et j’avale mon deuxième sandwich. Une discussion avec un groupe de personnes m’apprend qu’avant la partie plus tranquille, il reste une difficulté et elle se trouve juste après le ravito (elle est bien cachée car je ne la vois pas encore…).


Allez, motivation, il reste encore trente kilomètres. Le chemin est praticable malgré quelques cailloux. Malheureusement, ça devient très difficile dans un dernier et long faux plat montant. Des rigoles empêchent une progression sur le vélo, du moins pour moi. A l’intérieur de celles-ci, c’est trop étroit. Les pédales cognent sur les rebords et rouler sur les bordures entraine régulièrement des glissades dans les crevasses. Je préfère évoluer en marchant jusqu’à un sentier plus large. Ce qui, heureusement, arrive rapidement. Je repars de plus belle. Les vibrations répétées me font mal aux bras, aux doigts, au cou, je n’ai pas l’habitude de solliciter autant le haut du corps. En trail, la partie supérieure est relâchée au maximum. Apparemment, à mon grand soulagement, les grosses difficultés sont derrière. Je vais pouvoir profiter avec davantage de souplesse.


Il reste environ vingt-cinq kilomètres quand plusieurs vététistes nous rejoignent par un autre sentier, sûrement ceux qui font le cent et/ou le cent vingt bornes. Au fur et à mesure des derniers kilomètres, toutes les distances se croisent. La fin est la même pour tous. Le parcours alterne descentes rapides et petites montées cassantes. Les relances sont géniales. On s’amuse, on slalome entre les participants, des randonneurs et des arbres. On accroche un gars puis un autre, on fait le plein de sensations et les kilomètres défilent. Je me suis fixé cinq heures et je pense alors pouvoir réussir l’objectif. Comme dans mes courses trail, le finish est toujours le meilleur moment. Le mental se mêle au physique et mon énergie augmente. Je suis heureux et satisfait. Deux bosses à passer, un virage, un tremplin et la photo souvenir ! Je retrouve mon amie et ma sœur. Tout va bien, quelle belle aventure !




13/09/2016


Après avoir annulé une séance et pris un repos nécessaire, je décide de faire un footing d’environ une heure. Mes impressions sont bizarres. Je n’ai pas de douleurs comme des courbatures mais plutôt la sensation d’avoir de « gros muscles ». Mon escapade en VTT m’a fait comprendre pourquoi les vététistes réguliers ont de très gros cuissots. Mon amie m’accompagne en vélo, nous discutons. Parler me fait oublier la lourdeur de mes jambes et mon léger manque de souffle. Nous passons dans la campagne et en bord de mer jusqu’à l’école pour récupérer l’enfant de la maison. Il était important de reprendre l’entraînement en mode récupération active malgré les quelques difficultés physiques du moment. En fin de journée, je me suis fait la réflexion qu’il serait bien de m’entraîner de nuit car ma course en montagne me fera courir au minimum une journée et une nuit complète (en espérant pas une deuxième…), autant s’habituer. Cela fait un moment que je n’ai pas couru dans le noir.




14/09/2016


Ce matin, j’ai programmé une séance de fractionné : trente minutes de footing en échauffement ajoutées à vingt sprints sur la longueur d’un terrain de football. Toujours de la lourdeur dans les jambes à laquelle s’ajoute la douleur de ma cuisse gauche en arrière (Ischio-jambiers pour les connaisseurs), deux ans que je traîne ça. Je vois l’ostéopathe dans la matinée. Une autre étape pour aller vers l’objectif. A la suite, j’observerai deux jours de repos pour permettre au corps de conserver le bénéfice des soins apportés.


L’ostéopathe que je vais voir est différent de celui que j’ai l’habitude de consulter. Première rencontre, il pose son diagnostic : déchirure tendino-musculaire. Selon lui, la blessure ne guérit pas car il n’y a pas eu assez de repos (pourtant j’ai fait plusieurs arrêts de quelques semaines à un mois). Les étirements et autres massages n’ont pas favorisé la cicatrisation. Ses constats me semblent cohérents. De toute façon, après mon aventure Pyrénéenne, je m’autoriserai deux à trois mois d’arrêt. Rien d’autres que des balades en vélo ou des petites randonnées très tranquilles. Pour le moment, j’utiliserai une bande adhésive qui soutient le muscle pendant l’effort et la récupération. Cette bande a également la capacité de décoller la peau des muscles et de favoriser la circulation sanguine et les influx nerveux. Désormais, je dois adapter mes séances et stopper le fractionné court, trop rapide. Qu’il en soit ainsi !




17/09/2016


A partir de ce jour, les deux prochains weekends, je réaliserai mes sorties « longues » de nuit uniquement. Je dois avoir testé toutes les situations de courses. Je me lève donc à trois heures et quart du matin pour une heure et trente minutes en mode endurance. La lune est magnifique, elle est pleine. Je me demande même si je ne vais pas pouvoir me passer de la lampe frontale. Des passages dans une pénombre totale répondent à ma question. Je m’habitue à l’éclairage et c’est parti tranquillement.


Les bruits dans les feuillages et les yeux luisants des chats ne sont pas rassurants. Je me concentre sur ma foulée avec le vent qui bourdonne dans mes oreilles. La nuit est idéale pour une première sortie nocturne. Personne ! Rien d’étonnant vu l’heure. Passage en campagne, dans les marais et en forêt avant de retrouver le chemin de la maison.


La douleur à la cuisse est présente ou peut-être est-ce simplement une gêne… Tout s’est bien passé. Je vais finir ma nuit de sommeil et je profiterai ensuite d’une belle journée en famille. Prochaine échéance, la nuit suivante avec une séance plus longue au programme. Je n’ai pas peur, les chemins me seront réservés, le calme de la nuit comme seul compagnon.




18/09/2016


Je passe une journée tranquille en famille et je me couche très tôt. Une nouvelle séance nocturne m’attend et je ne veux pas négliger le repos. Après une courte nuit, le réveil est plus difficile que la veille. Je bois un verre d’eau et je fais quelques mouvements. Je commence à être bien éveillé. La sortie du jour (ou de la nuit) va être ponctuée par deux blocs d’accélération. Je m’habille, je suis prêt. Je fais mon échauffement habituel et me voilà parti.


Cette fois-ci, la lune est cachée derrière de nombreux nuages. Je me sens un peu fatigué musculairement mais plutôt serein. L’obscurité n’est plus un problème, je commence même à l’apprécier. Personne sur les routes et les chemins, pas de voitures, je peux m’exprimer librement. Toujours des bruits dans les buissons et des yeux brillants à la lueur de ma lampe frontale. Beaucoup de chats et peut-être un renard. J’ai zoomé (le faisceau de la lampe se réduit pour une vision plus éloignée) et j’ai cru reconnaître le corps de l’animal. Le pauvre, j’ai dû l’éblouir.


Je continue avec une vitesse d’endurance plus lente que d’habitude, mes muscles sont moins toniques. Je me dis que la phase d’accélération va être compliquée. Dans le premier bloc de vitesse, j’accélère petit à petit jusqu’à atteindre l’allure souhaitée. Je souffle beaucoup pour optimiser ma foulée et la rendre plus souple. Je fais attention à mes appuis en quête de relâchement. Au bout de quelques minutes, la recherche d’économie de l’effort commence à payer. Après la campagne, j’arrive sur la corniche qui surplombe de belles falaises en bord de mer. J’en profite quelques instants et je fais un détour par le centre de la ville voisine à la mienne pour allonger le parcours. Enfin, je reviens par une autre voie pour retrouver la mer afin de respecter la durée d’entraînement prévue. La lune brille dans le ciel et se reflète dans la mer, c’est magnifique ! Ce stratagème me fait oublier que j’entame le deuxième bloc de vitesse. Je suis plus efficace et je gère bien mieux l’effort. Je termine la phase d’accélération par un footing. C’est le signe de la fin de ma sortie « longue ». Il ne me reste plus qu’à enchaîner un travail technique d’une dizaine de montées de marches. Mon esprit est plus libre pour terminer le job. Je rentre tranquillement à la maison en avalant une banane et un entremet au chocolat. Je suis satisfait. La dernière séance de la semaine se fera en vélo et l’idée ne me déplaît pas, au contraire.


Après deux heures de repos pour finir « ma » nuit, je prends un petit déjeuner en famille. Ensuite, je repars pour ma séance VTT. Retrouvailles avec mon équipier à deux roues qui avait bien travaillé le weekend précédent aux Monts d’Arrée. Je ne sais pas trop quel chemin emprunter… je choisis finalement un parcours que je connais bien, l’objectif étant de ne pas forcer. La première heure se fait en campagne. Ma « balade » à Huelgoat m’aura appris à utiliser davantage mes vitesses et je me rends compte que je gagne en efficacité. Je m’économise dans l’effort. Cela me rappelle mes débuts en trail où je courais dans les côtes en pensant perdre moins de temps. L’expérience m’a démontré qu’en marchant avec de grandes foulées, j’encaissais mieux les dénivelés et que je relançais plus fort sur le plat et en descente.


La dernière demi-heure se fait sur un parcours plus roulant et ma vitesse de pédalage augmente. Les chemins et les pistes cyclables sont dégagés. Je finis à bonne allure une nouvelle fois sur le front de mer. Je termine les derniers kilomètres tranquillement. Les muscles vont mieux. Je prends une douche et place au repos. La semaine suivante sera la dernière en mode « intensif ». Ensuite, mode « roue libre » jusqu’à la belle aventure.

J’envisage une autre tentative pour prendre contact avec l’association …




19/09/2016


Pour optimiser la vie de famille, la vie professionnelle et la vie sportive, je n’ai pas laissé passer la journée de repos normalement prévue. Je propose donc à la petite famille de m’accompagner en forêt. Je ferai mon footing pendant qu’ils profiteront d’une randonnée à la cool. Je ne suis pas au top. Je prends mon temps pour m’échauffer et après quelques embrassades, nous voilà partis. Les jambes sont lourdes et douloureuses. Cependant, au regard du cardio-fréquencemètre, l’allure est correcte. Petite séance aujourd’hui, environ quarante minutes en mode « récupération ». Les vingt premières passent vite. Et puis, dans un virage pour sortir des dunes et revenir vers la forêt, j’aperçois un superbe chevreuil. Un sourire envahit mon visage, je suis heureux. Du coup, le bonheur me redonne une foulée plus dynamique. J’aime la nature et l’énergie positive qu’elle offre. Je finis tranquillement et je rejoins mon amie, son fils et nos deux fidèles compagnons les chiens. Nous nous posons un moment au pied d’un arbre que je pense millénaire, peut-être le plus vieux de ses congénères, idée motivée par l’envergure de son tronc et de ses branches ainsi que par sa majestueuse prestance. Le calme domine, un moment privilégié partagé en famille avec mère nature. Instant que nous aimons reproduire dés que possible.


Au retour, nous sommes sereins et contents. Un incident retarde notre rentrée au foyer. Un vieil arbre a fini sa vie et s’est effondré sur la route bloquant les deux voies. Soucieux de nos pairs, nous restons pour signaler le danger jusqu’à l’arrivée des secours. Nous gardons notre sang froid et nous acceptons la situation. L’arbre est mort et n’a emporté personne avec lui. Mère nature a envoyé un message, chacun l’interprète à sa façon... Après une petite heure, les secours arrivent et ils prennent notre relai. Nous rentrons avec la douce sensation du devoir accompli, affamés et désireux de nous reposer.




20/09/2016


Petite nuit, un sommeil peu réparateur. La sortie du jour est de deux heures. Les jambes sont raides et douloureuses. Le souffle est court et forcé. La fatigue se fait sentir. Je décide de réduire l’allure habituelle. J’avale un morceau de pain avec de la purée d’amandes et un verre d’eau. Je m’échauffe lentement, l’envie n’y est pas non plus.


Les trois premiers kilomètres sont un calvaire, je fais de mon mieux pour me concentrer sur la nature et les paysages qui m’entourent. C’est difficile ! Pendant une heure, les douleurs, les raideurs, la fatigue et le manque de souffle accompagnent chacune de mes foulées. C’est seulement avec le début de la deuxième heure que je commence à trouver une foulée satisfaisante. Je me fixe quelques objectifs pour me redonner un peu de motivation. Je ne prends pas beaucoup de plaisir. Un semblant d’énergie revient lorsque j’estime qu’il ne me reste plus que quatre kilomètres. Au mental, je maintiens l’effort pour que l’allure moyenne de la séance ne soit pas trop médiocre. J’atteins mon désir non sans une certaine amertume. Je suis épuisé, dégoûté et soucieux. A cet instant, je pense que je vais devoir réadapter les entraînements de la semaine pour conserver un maximum de forces pour le jour J. Pour l’instant, le service minimum est assuré. Je prends une douche, je file au boulot et ce soir je me couche très tôt. Je choisis d’accepter la situation, tout va bien !




21/09/2016


Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Dicton connu et qui convient tout à fait à la journée d’aujourd’hui. Séance du jour : fractionné long, allure semi-marathon et marathon. Avec la séance de la veille, je suis un peu inquiet. Mon amie m’a massé les jambes hier soir et la nuit a été longue et réparatrice.


Au lever, pas de douleurs, tout va bien. J’avale un verre d’eau et je me pose sur le canapé pour vérifier ma fréquence cardiaque au repos grâce à mon cardio-fréquencemètre. Je souhaite calculer avec précision les zones de travail possible, surtout par rapport à l’état de forme de ma dernière sortie. Au bout de cinq minutes, rien à signaler et les calculs sont réalisés.


Après mon échauffement, je pars pour trente minutes d’endurance. Le pouls est bon, la fréquence cardiaque correspond au prévisionnel. La vitesse est également celle envisagée. Je suis bien, pas de douleurs musculaires, simplement quelques gênes peu dérangeantes. Ensuite, les blocs d’accélérations s’enchaînent très facilement et je termine l’entraînement comme si je venais de faire une « balade ». J’ai profité des paysages, du bord de mer et j’ai salué tous les gens que je croisais. Je suis heureux et très satisfait. Je suis rassuré. De bon augure pour la suite. J’aime cette sensation de bien-être laissée après une séance « parfaite ». Je décide donc de refaire un footing le lendemain pour profiter d’un repos réparateur avant la grosse sortie du weekend. Je reprends mon travail administratif et j’en profite pour renvoyer un message à l’association, toujours pas de nouvelles…




22/09/2016


Aujourd’hui, je suis dans la région des Landes, dans la petite ville de Morcenx. J’y suis pour le travail. Je suis arrivé la veille et par chance mon rendez-vous n’est qu’à dix heures ce matin. Une opportunité pour profiter du paysage de la région. A une poignée de kilomètres de l’hôtel se trouve une réserve naturelle avec plusieurs lacs dont un plus grand que les autres. J’ai découvert que le tour de toutes ces étendues d’eau fait treize kilomètres, parfait pour une sortie d’environ une heure.


Je quitte l’hôtel très tôt, le jour pointe à peine le bout de son nez. Un petit détour pour trouver un accès et me voilà arrivé. J’observe un plan. A part le tour du plus grand des lacs, pas d’autres indications. Celui-ci fait sept kilomètres. Je m’en contenterai, je peux le faire dans un sens et en fonction de ma forme, le refaire en sens inverse pour atteindre la durée d’une heure prévue. Echauffement et départ en cherchant le balisage. Je ressens la fraicheur de la brume matinale. Les chemins sont sablonneux avec un peu d’herbe. Pas d’animaux en vue. Malgré quelques légères douleurs passagères, les jambes vont bien. Je suis le chemin, attentif. Une barrière se présente à moi, il semble que ce soit l’entrée d’un site protégé, un observatoire. Je suis conforté dans ma suggestion lorsque j’aperçois un photographe qui attend de prendre le cliché idéal. Nous nous saluons, tous deux étonnés de nous voir. Un instant sympathique. J’évolue sur un enchainement de pontons construits au-dessus des marais pour ne pas nuire à la faune et la flore de l’endroit. Le brouillard domine la surface de l’eau, la visibilité est réduite. Au bout de cinq à dix minutes, je ressors par un autre chemin pour continuer mon tour du lac.


Bientôt, les sentiers « sauvages » laissent place à une grande allée caillouteuse aboutissant sur une longue ligne droite qui me ramène au point de départ. Je viens de faire le tour complet. Je décide alors de rebrousser chemin pour refaire le parcours en sens inverse. Ce sera sympa de voir les paysages différemment. Le passage « ligne droite » avalé, je pense pouvoir éviter l’observatoire et j’imagine un autre itinéraire. Et, à la sortie d’un virage, stupéfaction ! De grands oiseaux noirs se dressent dans une étendue verte. Je suis impressionné, je n’ai jamais vu cette espèce. J’apprendrais plus tard, par des habitants des alentours, que ce sont des grues. Content de ce beau spectacle, je continue d’avancer. J’arrive à un carrefour à quatre voies, aïe ! Après quelques secondes de réflexion, je me lance, on verra bien. Une belle montée mets un peu de piment à la sortie. Et en son sommet, surprise, je suis heureux de découvrir un magnifique chevreuil à la musculature harmonieuse. Je me dis que cet animal doit être malin et doit savoir échapper aux chasseurs, il est majestueux. Fort de cette rencontre, je poursuis jusqu’à une séparation du chemin. Je me dis : « à droite, je m’éloigne et à gauche, je reviens sur mes pas. La sagesse me fait prendre la deuxième option. Je retrouve l’intersection quittée quelques minutes auparavant et mon instinct me guide vers une petite route qui ressemble à celle que j’ai croisée aux abords du lac. J’y vais franchement. Effectivement, le parcours est retrouvé. Apparemment, après déduction, j’aurais fait un détour de deux kilomètres … Je m’impose une bonne cadence car je me dis qu’il est préférable de ne pas allonger davantage la séance. J’estime à trois kilomètres l’arrivée sur le parking. Je finis, concentré, avec trois kilomètres cinq cent et quinze minutes supplémentaires sur l’entraînement programmé.


Grâce à ce footing improvisé plein de rebondissements et de moments de plaisir, j’ai profité au maximum d’un site inédit. Je monte en voiture et je rêve d’un bon petit déjeuner avant d’aller travailler. Le lendemain soir, une des séances les plus dures du programme m’attend, dans un créneau horaire inhabituel…




23/09/2016 et 24/09/2016


La séance d’aujourd’hui va terminer une journée et en débuter une autre. Le weekend passé, j’ai fait mes séances au petit matin entre trois et six heures. Je me couchais, je me levais pour courir et je me recouchais. Le but était de casser mon rythme de sommeil pour habituer mon corps à une activité hors du commun. Cette fois-ci, je pars en fin de soirée en ayant pour objectif de courir pendant la première partie de la nuit soit entre vingt-deux heures et deux heures du matin. Mon amie décide de m’accompagner en vélo, une aide psychologique que je ne refuse pas.


Nous partons et quelques soucis d’éclairage du vélo apparaissent. Pas assez de puissance et une descente arrive. Pour moi, c’est une formalité mais pas pour mon amie. Du coup, je me retourne plusieurs fois et soudain la cheville droite se tord. Même pas un kilomètre et déjà un handicap. Je râle, je râle… et je laisse la foulée se délier. Bientôt, la douleur n’est plus qu’une légère gêne. Il y a du brouillard et il ne fait pas très chaud. Je ressens toujours un peu de fatigue de la semaine chargée en entraînement (en plus de l’activité professionnelle). Les kilomètres s’enchaînent, tout va bien. La foulée est élancée. C’est la première fois que je fais une phase d’échauffement aussi longue (une heure et trente minutes) avant quelques blocs de « vitesse ».


Avec mon amie à mes côtés, je suis motivé et j’augmente l’allure pour ma première accélération. Pas facile mais je tiens bon. L’obscurité donne des ailes, les muscles chauffent. Le repos numéro un est bienvenu. J’en profite pour manger un morceau, content de pouvoir enfin m’alimenter. En effet, depuis le début de la sortie, je ne digérais pas mon repas. Maintenant tout est ok. Deuxième bloc de vitesse, les muscles sont durs et douloureux, je m’accroche. C’est mon dernier gros entraînement, je dois tenir. Je tiens ! Le second repos est salutaire malgré une cadence bien ralentie. Il ne me reste que le travail de côte dans le parcours sportif près de la maison. Je vais vers l’escalier aux quatre-vingt marches et ma compagne rentre se reposer. Un grand merci à elle !


Seul dans l’obscurité, à mon grand étonnement, j’enchaîne les montées et les descentes assez facilement. Je termine par un footing de récupération d’une dizaine de minutes avec la joie de retrouver de la fluidité dans mes foulées. Je suis satisfait de clôturer le cycle le plus intense du programme. Maintenant place à deux semaines de relâchement avant le gros objectif de l’année. Il est trois heures du matin, je mange, je prends une douche et au dodo !




24/09/2016


Je me lève au top. Je prends mon petit déjeuner et je me prépare pour aller faire quelques courses. Je prévois de revenir pour le repas de midi avant la sortie vélo.


A mon retour, je n’ai pas d’appétit, j’ai froid et je suis épuisé. Je ne comprends pas le contraste avec mon état de forme au réveil. Je suis embarrassé car je ne peux pas partir en vélo sans avoir repris des forces. Pour préparer un repas, je réfléchis à des aliments susceptibles de pouvoir être avalés et surtout digérés. Je trouve et je me force à manger. Effort payant car au fur et à mesure, l’appétit grandit et je sens l’énergie revenir. A la fin du déjeuner, je vais beaucoup mieux.


Après un temps de pause, je m’équipe et je pars sur mon VTT. Je laisse aller les jambes sans trop accélérer. Changer de sport me fait un bien fou. Je retrouve des forces et les muscles se relâchent, les douleurs disparaissent. Ce soir, je suis apaisé car malgré quelques adaptations, le programme s’est déroulé quasiment comme prévu. Je suis confiant et tout de même un peu impressionné par ce nouveau défi qui arrive dans quinze jours. Au moins, j’aurai mis toutes les chances de mon côté. Plus qu’à profiter de petites séances « plaisir » pour « faire du jus ». L’échéance est proche.


Aujourd’hui, j’ai emmené ma chienne chez le véto pour contrôler sa santé. Elle a quinze ans et nous souhaitons savoir si elle peut encore supporter un long voyage en voiture. Mon souhait est de passer symboliquement la ligne d’arrivée des 100 Miles à ses côtés. Après l’examen, le diagnostic est bon. Elle sera du voyage ! Je suis content de pouvoir lui offrir ce moment de partage. L’aventure suivante pourrait être sans elle…


A la fin de cette longue journée, je m’accorde un moment d’écriture. Un temps pour moi qui me permet de souffler après une semaine riche professionnellement et émotionnellement. Poser les mots amène mon cerveau à de nombreuses réflexions et déjà je me sens animé par de nouveaux projets.




27/09/2016


Aujourd’hui, j’ai reçu un message de l’association pour laquelle je souhaite m’engager. J’étais content d’avoir une réponse à ma requête. Malheureusement, je ne sens pas d’ouverture pour une éventuelle rencontre. Il y a dans la réponse des éléments qui me montre que ma demande n’a pas forcément été comprise. Ce n’est pas grave, dans ce contexte particulier de maladie ou de handicap, je ne veux pas imposer mon aide. Je décide de ne pas donner suite et de me concentrer sur mon aventure. J’aurai d’autres occasions de me rendre utile.


Depuis hier, je suis dans la région lyonnaise pour trois jours de travail avec un programme assez chargé. Je me suis quand même prévu un petit footing de trente minutes après la deuxième journée.


Il est dix-huit heures quand je quitte l’entreprise visitée. Je cherche un endroit où je pourrais courir au bord de l’eau, au bord de la Saône. Je pense avoir trouvé donc je pars. Malheureusement, après un kilomètre, je suis contraint de faire demi-tour, un bois infranchissable me barre la route. Je suis attristé à l’idée de devoir fouler les alentours de dizaines d’entreprises. Il y a beaucoup de voitures, signes de la fin de journée de centaines de travailleurs. Le cadre est dur et terne, l’air est nauséabond. Je me fais une raison, je m’applique, concentré sur ma technique. Voici une sortie « travail », on oublie le plaisir !


Où étais-tu mère nature ?




29/09/2016


Ce matin, je suis enfin chez moi après trois jours d’absence, trois jours de travail coûteux en énergie. Pour retrouver un peu de calme intérieur, je me suis prévu une séance à la fraîche en pleine nature. Le jour se lève à peine et la brume se montre. Je me prépare, je m’échauffe et je pars. Au début, les jambes sont un peu lourdes mais assez rapidement, la foulée devient légère. Je suis heureux. Après trois jours passés enfermé en entreprise et en ville, je me sens comme un animal qu’on aurait libéré de sa cage. Je suis libre. La sortie est magique. Je respire à plein poumons l’air de la campagne et les odeurs de la mer. Quelques blocs à allure rapide passent tranquillement. La vie est simple, commencer la journée ainsi est une aubaine. Je rentre chez moi pour me préparer pour un rendez-vous.


Par curiosité, j’ai contacté une kinésiologue et je dois la rencontrer dans la matinée. La kinésiologie peut m’aider à trouver en moi des réponses ou des solutions à certaines de mes problématiques. Cette technique peut favoriser la confiance en soi et limiter l’apparition de doutes. Après la séance, je suis stupéfait du résultat. Je ressors fatigué mais éclairé. Je suis comme éveillé sur mes envies. Je prends conscience que je suis à un tournant de ma vie. En fin de journée, une discussion avec mon patron et une autre avec ma famille confirment ce sentiment. Je ne me sens pas épanoui dans mon activité professionnelle. Je cherchais des solutions mais peut-être n’y en avait-il pas ? Il est temps pour moi de changer. Mon emploi est le problème. Désormais, cela sonne comme une évidence.


Je souhaite réaliser mes envies et depuis longtemps j’aime écrire et j’aime courir. Vivre de ces deux passions et les partager n’est pas conciliable avec mon « travail » voire avec aucun emploi pour le moment. Qui sait ? Avec le temps, je découvrirai peut-être une activité professionnelle qui sera compatible avec mes passions. Pour l’instant, je souhaite simplement être heureux et épanoui avec ma famille à mes côtés. Grâce à l’écriture, je serai davantage disponible pour moi, pour eux, pour tous…




30/09/2016


Je ressens des douleurs, une fatigue et je n’ai pas une grande motivation pour aller au boulot. Je suis comme dans un état second. Je sens une forme de soulagement de savoir que je peux changer de vie mais je me pose la question de comment faire pour y parvenir ?


L’étape « Effacer les traumatismes du passé » est réalisée en grande partie. J’ai la sensation d’avoir été longtemps endormi et d’être enfin réveillé. L’avenir se présente encore plus éblouissant et exaltant. Il me tarde de mettre en place le protocole de transition.


Une coupure entre deux formations m’offre un temps pour un footing. Je m’élance, je fais huit kilomètres sans grand intérêt pour ce qui m’entoure. La semaine a été difficile. J’apprécie quand même un petit lac et quelques sentiers. Les jambes sont lourdes et courbaturées mais le job est fait. Après l’effort, je marche et je me restaure. Ce soir, je suis en weekend, je vais me reposer.




01/10/2016

Aujourd’hui, samedi, j’ai plusieurs choses à faire. A cinq jours de la grande course, je dois prévoir le matériel, les menus et planifier les dernières sorties. Je suis stressé. Le corps lutte encore pour se remettre de tous les chamboulements de la semaine.


Après un bon petit déjeuner, je me penche sur la nutrition. Je ne suis pas de très bonne compagnie pour la famille. Quelques lectures et une planification me rassure. Place maintenant à deux heures de sortie. Je décide d’écouter au maximum ce que mon corps me dit. Cinq minutes de préparation et me voilà parti.


Je pars doucement, je contrôle pour réaliser la sortie en me fatiguant le moins possible. Le temps est correct, simplement une petite pluie fine sur la première demi-heure. Je me concentre sur mes sensations. Je réduis l’allure dans les montées, je ralentis dès qu’une douleur ou un peu de fatigue se font sentir. Je m’hydrate régulièrement et en quantité nécessaire. A la moitié du parcours, un chien vient vers moi, je suis méfiant. Il se met à courir devant moi comme pour faire la course. Je rigole. Je lui parle, je lui dis que je n’irai pas plus vite. Ensuite, je l’invite à ne pas me suivre, il s’éloignerait de sa maison et il pourrait se perdre. Je continue ma route. Je ne croise qu’une seule personne : une jeune femme avec son chien qui, en m’apercevant, prend un air étonné. Aucune idée de pourquoi ? Je n’aurai pas de réponse claire. Je ne peux que supposer qu’elle ne s’attendait pas à voir quelqu’un… Je fais un passage dans les marais et en forêt. Je prends plaisir à courir en communion avec la nature qui est toujours fantastique.


Bientôt, le paysage me sera inconnu. Je ressens la bizarre sensation de fin. Je ferme une porte sur un programme d’entraînement de trois mois pour en ouvrir une autre sur une belle aventure. Je finis les quatre derniers kilomètres en ressentant une légère fatigue. Je suis satisfait, la préparation était difficile mais je l’ai bien vécu dans l’ensemble. Plus que trois petits footings et me voilà mesdames les montagnes. Je vais vivre libre, une nouvelle expérience qui, sans nul doute, va encore me faire grandir.




02/10/2016


Dernière sortie dans ma région. Ma petite famille m’accompagne. Le temps est magnifique, la foulée est simple. Après quelques kilomètres, de petites douleurs musculaires se font ressentir mais rien de grave. Peut-être un relâchement d’après préparation. Je fais un bloc d’accélération, cinq sprints de trente secondes avec un temps de récupération équivalent et je finis tranquillement. Je suis serein et reposé.


Une matinée de travail et nous serons prêts à partir. Ma tête semble déjà là-bas. Un Sentiment de peur m’envahit, c’est une bonne peur, un stress amical. L’objectif est très proche, l’aventure va commencer…




04/10/2016


Trois jours avant l’objectif, mon amie Cindy et moi, nous partons pour Font-Romeu. L'idée est de m'imprégner de l'air en altitude avant la course. Nous aurons deux jours pour nous reposer et préparer tranquillement l'événement. La partie sportive est pour moi et la partie logistique pour Cindy, merci à elle d'avoir désiré faire cela.


Nous arrivons en fin de soirée, vers minuit, dans les rues de Font-Romeu. Les longues heures passées en voiture nous ont épuisées. Nous descendons toutes nos affaires et nous ne trainons pas à nous installer au chaud dans nos duvets pour récupérer du voyage.




05/10/2016


Après le long voyage pour atteindre la chaîne montagneuse des Pyrénées, le repos est le maître mot. Les toutous nous ont accompagnés et nous sommes tous en manque d’énergie. Une bonne nuit réparatrice nous a fait le plus grand bien et en début de matinée, nous découvrons un magnifique paysage. Avec l’altitude, une légère baisse de l’oxygène et la pureté de l’air, nos poumons ont besoin d’un temps d’adaptation. Nous marchons lentement dans la ville avec beaucoup de curiosité. Nous faisons quelques achats de nourriture pour notre séjour et nous prévoyons un copieux petit déjeuner. Dans l’appartement, installés autour de la table, les yeux tournés vers l’extérieur, nous commençons à réaliser que nous sommes à Font-Romeu.


C’est le ventre bien rempli que nous partons en direction du lieu de départ de la course qu’une aimable hôtesse de l’office de tourisme nous a indiqué. Je ressens une montée d’adrénaline, mon amie aussi. Nous garons la voiture et nous empruntons un chemin, peut-être les premières dizaines de mètres du périple ? Je suis content d’être là, surtout après plusieurs mois de préparation ! Nous ne nous attardons pas pour que je termine la matinée par un « petit » footing.


Je décide d’être totalement à l’écoute de mon corps. Quinze à vingt minutes de montée et retour. Je ne suis pas essoufflé, les muscles répondent bien. Pas de douleurs intenses. Les côtes sont moyennes, je les encaisse plutôt facilement. Je croise quelques randonneurs et nous échangeons un bonjour et un sourire. Les beaux sentiers de montagne me font arriver derrière l’office de tourisme. Marrant, hier par la route et aujourd’hui par les chemins.


C’est magique, j’adore découvrir ces passages étroits qui excitent la curiosité de chaque traileur ou de chaque randonneur. Ces derniers étant toujours à l’affût de paysages extraordinaires et inédits.


Dans un chemin, je rencontre des chevaux de trait en semi liberté. Ils sont majestueux. L’endroit est rempli de mouches qui se délectent des excréments des équidés. Conduite à tenir : « inspirer par le nez et souffler par la bouche ». Autrement ce sera salade de mouches. Je descends vers les habitations et me voici à environ quatre kilomètres au-dessus de notre location, la partie montante étant terminée.


Maintenant, c’est l’heure de s’amuser : « à fond dans la descente ! ». Je reste cool et la foulée est facile. Je souhaite éviter la blessure. Les sensations sont bonnes, le corps parle, je situe les zones légèrement sensibles. Je sais ce que je dois faire pour les protéger. Toutefois, l’état général est au top. Pas de stress pour le moment, du repos, une bonne alimentation et ça va rouler.


Il me reste une petite sortie de vingt minutes le lendemain pour « dégourdir » les jambes sans forcer en conservant un maximum d’énergie. Une seule journée me sépare d’une aventure unique, d’un moment d’exception.




06/10/2016


Ce matin, après un réveil en douceur, c’est l’inventaire du matériel nécessaire pour la course. Tout est ok. Avec mon amie, nous partons ensuite pour une dernière petite séance. Nous montons quelques côtes, parfois un peu raides, et nous surplombons Font-Romeu. Je me cale sur un rythme qui correspond à ma compagne et nous profitons de ce moment à deux. C’est une nouvelle expérience pour mon amie qui doit habituer ses poumons à l’air de la montagne.


Les paysages sont magnifiques. Les muscles répondent bien malgré quelques signaux douloureux. Je sens que le corps a envie d’en découdre. La prochaine fois que je pars courir, ce sera pour l’objectif de l’année. Je ressens un léger stress « normal ».


L’après-midi, nous nous rendons sur le site de départ pour que je récupère mon dossard. Des bénévoles vérifient que chaque participant a bien le matériel obligatoire dans son sac. Nous récupérons quelques cadeaux généreusement offerts par les partenaires et nous quittons l’endroit.


Le soir, nous faisons une dernière balade autour de la location, je vérifie encore une fois mon sac et je prépare la tenue pour la course. Enfin, nous passons une soirée très tranquille et nous nous couchons tôt. Le lendemain, après le petit déjeuner, l’aventure commencera …




 
 
 

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